En avril dernier, au moment de la publication des résultats annuels du groupe Auchan, Christophe Dubrulle, le président du directoire, avait annoncé plus de 50 ouvertures d’hypermarchés sur 2008. L’objectif était ambitieux et l’on pouvait d’autant plus s’interroger sur la capacité du groupe à l’atteindre que par le passé, à plusieurs reprises, les caps fixés n’avaient pas été tenus dans les délais. A l’heure du bilan, force est cette fois de constater qu’avec 55 nouveaux hypers créés (dont 26 en Chine et 15 en Russie) au cours des douze mois écoulés, Auchan est en ligne avec son plan de marche et c’est donc fort d’un parc de 468 hypers (ce format de magasins génère à lui seul 79 %du chiffre d’affaires du groupe) que le géant nordiste démarre l’exercice 2009.
A plus long terme, c’est cependant un objectif d’une toute autre dimension que Vianney Mulliez (photo ci-contre), le président du conseil de surveillance, a assigné à l’entreprise. Son programme Vision a notamment en ligne de mire à l’horizon 2015 deux buts principaux : un parc de 900 hypers et un chiffre d’affaires de 100 milliards d’euros, soit environ 2,5 fois le chiffre d’affaires de 2008. Autrement dit, ce ne sont pas moins de … 60 milliards de CA additionnel que le groupe va devoir créer en sept ans. A l’évidence, la croissance organique n’y suffira pas. Même en tablant sur des hausses annuelles de 10 % (ce qui est déjà bien au-dessus des 5,9 % réalisés en moyenne au cours des cinq derniers exercices), il manquerait encore 22 milliards d’euros à l’appel. S’il veut tenir son engagement, le successeur de Gérard Mulliez, va donc devoir recourir à la croissance externe.
La prise de participation ou la montée au capital des entreprises travaillant déjà avec le groupe est évidemment une piste de développement. C’est ainsi qu’Auchan a annoncé le 19 janvier avoir acquis, en Roumanie, l’intégralité des titres de son partenaire MGV Distri-Hiper, qui devient donc filiale à 100 % du groupe. La liste des affiliés / franchisés titulaires de contrats avec l’enseigne au rouge-gorge inclut Schiever (France et Pologne), AZ Spa (Italie), Ruentex (Chine et Taïwan), Furshet (Ukraine) ou encore Nakheel (Dubaï). Echaudés par le divorce avec ONA au Maroc en 2007, le groupe nordiste est devenu prudent en matière de joint-venture. Une prudence que ne fait que conforter, par exemple, les relations difficiles avec le partenaire ukrainien, le bouillant Igor Balenko (ci-contre).
Pour atteindre ses objectifs, il est aussi probable qu’Auchan procède à des acquisitions qui vont au-delà du périmètre actuel des partenariats en cours. La dégringolade de leurs cours de bourse ont rendu nombre d’opérateurs beaucoup plus vulnérables. Pour des groupes non cotés comme Auchan, dont la marge de manœuvre est beaucoup moins affectée par la crise financière, les opportunités sont réelles. Enfin, des accords capitalistiques avec des distributeurs contrôlés par des familles soucieuses d'engagement sur le long terme ne sont pas non plus à exclure.