Le ver est dans le fruit. Un dangereux militant alternatif, en butte contre cette société de consommation qui a fait la fortune des Mulliez, est en train de faire son nid au sein même du clan nordiste. Son nom : Ludovic Duprez (photo ci-dessus), co-fondateur avec Martin Toulemonde du très subversif concept Chronodrive. Créée en 2004, l'enseigne (filiale d'Auchan) connaît un développement fulgurant avec déjà une quinzaine de sites en France et un nouveau doublement du parc prévu sur 2010. Le principe : les clients commandent en ligne sur Internet et passent prendre les marchandises au point d'enlèvement sans même avoir à sortir de la voiture. La publicité de Chronodrive le revendique : c'est ni plus ni moins "la révolution des courses". Une manière imparable d'en finir enfin avec ce marketing de la séduction qui vide autant le porte-monnaie qu'il allège les moeurs et pollue la planète. Adieu courses-plaisir, samedi passés à déambuler au milieu d'allées regorgeant de produits tous aussi tentants les uns que les autres ; finis les emballages attirants, les soit-disant bonnes affaires, ces multiples articles que l'on n'avait pas prévu acheter mais que l'on glisse tout de même dans le chariot ; terminés les enfants qui piaffent devant les confiseries placées en devants de caisse. Cette fois, c'est décidé : vous n'achèterez plus que ce dont vous avez besoin. La liste de courses. Point barre. Comme Alain Souchon et La Grande Sophie, Gérard Mulliez avait raison : le bonheur, ce n'est pas de consommer sans cesse davantage.
