C’est l’une des conséquences de la nouvelle directive européenne sur la transparence : même non cotées, les entreprises faisant appel au marché obligataire sont dorénavant tenues de publier leurs comptes semestriels. Pour la première fois, le groupe Auchan s’est donc plié à l’exercice et les informations communiquées à cette occasion sont des plus intéressantes.
Par delà la progression globale du chiffre d’affaires, qui ressort à + 9,4 %, plusieurs éléments sont à mettre en évidence.
- Sur la France, avec des ventes en hausse de 6,2 %, Auchan a réalisé un meilleur semestre que Carrefour et Casino qui affichent respectivement de + 1,2 % et + 4,8 %. Sur le très stratégique format hypermarchés, l’enseigne du groupe Mulliez réalise une croissance de 5,5 %, nettement supérieure à celle de son principal concurrent, Carrefour, dont les hypers ont vu leur chiffre d’affaires se replier de 0,9 %. A l’évidence, au premier semestre 2008, Auchan a continué de bénéficier de la forte dynamique commerciale enclenchée à l’automne 2007 et qui lui avait permis de terminer l’année sur les chapeaux de roues.
- La confirmation de ce que l’on savait déjà mais que la seule publication des résultats annuels ne permettait pas jusque là d’apprécier pleinement : Auchan est un groupe dont la rentabilité se construit très majoritairement au second semestre. Ainsi, sur la base des données publiées, on s’aperçoit par exemple qu’en 2007 Auchan a fait plus des trois quarts de son résultat annuel sur les six derniers mois alors que chez Carrefour, la contribution du second semestre n’est que de 60 %. Les raisons de cette saisonnalité très marquée : la forte contribution des rayons non-alimentaires et la puissance des opérations promotionnelles (particulièrement la rentrée des classes, les foires aux vins et Noël), deux des caractéristiques d’Auchan et de ses très grandes surfaces de ventes.
- Le repli, sur la France, de 6,6 % du résultat d’exploitation (Ebitda), une baisse certes, mais moins importante que ce qui était attendu. En mai et juin, la direction d’Auchan France avait en effet tiré la sonnette d’alarme face aux représentants du personnel. En cause : une forte baisse des marges imputable notamment à une dérive des la masse salariale qui aurait progressé de 8 %. La direction avait alors pris argument du retard de 25 % du cash flow brut par rapport à l’objectif pour faire pression sur les directeurs de magasins et leur demander dans l’urgence de réduire leur frais de personnel. Une méthode qui n’avait pas été du goût des élus, lesquels auraient préféré un plan plus global à ces dégraissages magasin par magasin.