Sous les mètres carrés, les milliards. En complément de l'article que je publie cettes semaine dans Le Point sur les stratégies immobilières des distributeurs, je mets en ligne trois éclairages complémentaires sur le sujet. Le premier aujourd'hui, les deux autres suivront la semaine prochaine.
La course aux parts de plancher
Record battu. En 2010, l'Administration a délivré des autorisations pour plus de 4 millions de mètres carrés de surfaces de vente, l'équivalent potentiel de 400 nouveaux hypermarchés ou de 4 000 hard-discounts. Peu importe la saturation des entrées de ville ; peu importe l'atonie de la consommation : depuis 2008 et l'entrée en vigueur de la loi de modernisation de l'économie (LME), c'est la course aux parts de plancher. Censé relancer la concurrence, l'assouplissement des règles d'urbanisme commercial a dopé l'expansion des enseignes. Les investissements occasionnés par ces agrandissements ne sont pourtant pas sans conséquence sur la rentabilité des chaînes de magasins. Mais l'enjeu est ailleurs. Parallèlement à leur activité commerçante, Carrefour, Auchan, Leclerc et consorts se constituent en effet des patrimoines fonciers gigantesques. Des murs dont la valeur est bien souvent supérieure à celle des fonds de commerce. Et si les distributeurs se sont rués sur l'open bar ouvert par Bercy en 2008, c'était d'abord pour ne pas passer à côté de l'opportunité immobilière.
Les "machines à dire oui" bientôt au rebus
Une nouvelle loi concernant l'urbanisme commercial est en préparation. Pas question cette fois de se faire épingler par Bruxelles comme avec la loi Raffarin de 1996, qui avait provoqué l'ire des autorités communautaires. Le député Piron et le sénateur Braye, rapporteurs de la prochaine loi, ont pris soin de faire valider cette fois le texte par la Commission européenne. Le nouveau dispositif relèvera bien de l'urbanisme de droit commun.
Finis les critères économiques jusque là pris en compte par les CDAC (commissions départementales d'aménagement commercial), ces "machines à dire oui", accusées d'être à l'origine de l'explosion hexagonale des grandes surfaces. Le nouveau texte qui devrait être voté dans l'année redonnera davantage de pouvoir aux maires via les Scot (schémas de cohérence territoriale) et leur nouveau volet "commerce" qui délimitera précisément les secteurs où peuvent s'implanter les grandes surfaces. L'objectif est de privilégier le commerce de proximité et de ne pas autoriser d'implantations en dehors de ce que les rapporteurs appellent les "centralités urbaines".
A suivre :
- L'immobilier, l'autre métier des épiciers : un tour d'horizon des stratégies des différents groupes.
- Le foncier : première richesse de l'empire des Mulliez