le nouveau président du Conseil de surveillance d'Oxylane ?
Trente trois ans après avoir fondé Décathlon, Michel Leclerq a laissé ses fonctions en mars à la tête du groupe nordiste. Son successeur n'est autre que l'un de ses quatre fils, Olivier, 45 ans. Le Blog Mulliez dresse le portrait de cet entrepreneur atypique qui n'est pas sans détonner au sein du clan Mulliez.
Cet article inaugure une nouvelle série baptisée "Portraits", visant à mieux faire connaître les dirigeants de la galaxie Mulliez.
Olivier Leclercq, au centre sur la photo, accueille dans son hôtel Olivarius deux des Champions du Monde de 1998 : Christophe Dugarry et Zinedine Zidane.
Il y a un proverbe, dans le Nord, qui dit que lorsqu'un Roubaisien gagne de l'argent, il le dépense alors que le Tourquennois, lui, le montre. Bien que n'ayant jamais vécu à Tourcoing, le berceau de sa famille, Olivier Leclercq est une bonne illustration de cet adage populaire. Moins complexé vis-à-vis de l'argent que ne le sont ses cousins Mulliez qui viennent aux réunions à Roubaix en 207 diesel, il ne se gêne pas pour rouler en Audi A8 ou multiplier les escapades familiales à Londres ou Miami. Sur un autre registre, son brevet de parachutiste (le seul diplôme qu'il ait obtenu) et son passé de sous-officier des forces spéciales contribuent un peu plus à la distinguer. Que ce soit au sein de l'association familiale Mulliez ou, plus globalement, de ses homologues exerçant de hautes fonctions dans la vie économique. Car même s'il lui arrive peut-être encore de se pincer pour s'en rendre compte, Olivier Leclercq fait bel et bien partie aujourd'hui de ce cercle restreint des grands patrons. Certes, chez Oxylane, c'est Yves Claude qui reste aux commandes du groupe et qui pilote au quotidien le navire Décathlon. Il n'empêche, cette présidence de surveillance de la troisième plus importante des entreprises de la galaxie Mulliez est une vraie responsabilité.
Olivier Leclercq connaît bien l'entreprise fondée par son père en 1976, particulièrement la partie "production", qui, en amont des magasins, organise la fabrication des gammes revendues ensuite sous l'une des signatures Quechua, B'Twin, Kipsta, etc. Ces marques "Passion" qui fondent la spécificité de Décathlon Pendant 13 ans, de 1987 à 2000, Olivier Leclercq a sillonné l'Asie, y installant équipes d'ingénieurs et bureaux de production qui chaque année déversent sur l'Europe des milliers de containers de produits exclusifs aux prix imbattables et qui sont devenus les symboles de l'identité de Décathlon et les clés de sa rentabilité.
Tout au long de ces années, l'aîné des quatre fils Leclercq a passé beaucoup de temps entre les avions et les chambres d'hôtels. Ce qui l'a amené à s'intéresser aux prestations destinées aux voyageurs d'affaires. En bon Mulliez "piquousé" à la création d'entreprise, il monte son propre projet et inaugure en 2004 à Villeneuve d'Ascq son premier Olivarius, un concept d'appart'-hôtel innovant doublé de parti-pris ethétiques des plus avant-gardistes. Devenu au fil des ans un passionné d'hôtellerie, il ne rate pas, dit-on, une occasion de mettre à profit ses déplacements à l'étranger pour séjourner dans les plus grands établissements. Et dire que son cousin Vianney, le patron de la surveillance chez Auchan, lui se contente des deux étoiles d'un Ibis !
Résident en Belgique, marié à une championne d'athlétisme d'origine bamiléké (laquelle a monté sa propre boutique d'art africain), Olivier Leclercq, à en croire son entourage, revendique ouvertement sa différence par rapport au reste de la tribu Mulliez. "Avec lui, explique un proche, tout est beaucoup plus rock'n roll que la normalité estampillée "gens du Nord" qui prévaut chez les associés de l'AFM". Formant une véritable "bande" avec ses frères, il se retrouve également en proximité du courant que représente au sein de l'association familiale l'axe Gérard / Patrick / Gonzague, des autodidactes eux aussi, respectivement fondateurs d'Auchan, Kiabi et Saint-Maclou. Autant de fortes têtes - accessoirement richement pourvus en droits de vote - qui donnent régulièrement du fil à retordre aux membres de la gérance de l'AFM. Une gérance à laquelle Olivier Leclercq a été élu - très confortablement, paraît-il - en juin 2006. L'intéressé y a retrouvé Thierry Mulliez, actuel président du conseil familial. Vingt ans plutôt, les deux hommes avaient travaillé ensemble dans le tout premier Pizza Paï : Thierry Mulliez en était le directeur ; Olivier Leclercq y préparait les salades et des tonnes de taboulé.
En choississant le fils de Michel Leclercq pour lui succéder à la présidence de la surveillance, le conseil familial de l'association Mulliez a renouvelé d'une certaine manière le pacte tacite qui prévalait jusque-là entre les deux familles : à savoir un actionnaire majoritaire avec 43 % du capital d'un côté, l'AFM et, de l'autre, la holding du fondateur, l'AFIR, "minoritaire" avec 42 % des titres, mais à qui revient la présidence. Reste qu'en théorie, les statuts de l'association ne permettent pas de cumuler un siège à la gérance avec une présidence d'entreprise. En théorie ...
Prochainement au sommaire de la série "Portraits", un article consacré à Marc Mulliez, l'actuel président du "comité des sages" de l'AFM et assurément l'un des membres les plus secrets du clan nordiste.