le président du "comité des sages" de l'AFM
Portrait Dimanche 5 octobre 2008, il est près de 23 heures. Arte diffuse « Affaires de grandes familles ». Ce documentaire de Samuel Gantier apporte un éclairage très précis sur la vie et les rites des dynasties industrielles nordistes, celles des Motte, Tiberghien, Dufour et … Mulliez. Pour Marc Mulliez, président du conseil de surveillance de l'AFM, le comité des sages du clan roubaisien, c'est un véritable cauchemar qui commence. A l'écran, pendant de longues minutes, vont se succéder les témoignages de ses deux enfants et de leur mère. Les propos tenus face à la caméra n'ont pourtant rien de dérangeant ni de polémique. Pour l'intéressé, néanmoins, entendre son ex-épouse évoquer leur première rencontre ou son fils exposer les avantages du système entrepreneurial Mulliez sont un véritable supplice. Parmi les membres du clan impliqués dans les affaires, Marc Mulliez est non seulement l'un des plus secrets, il est aussi l'un des tenants de la ligne dure en matière de non communication et de distance à tenir vis à vis de l'extérieur.
Marc Mulliez a eu 71 ans au printemps. Il est né en avril 1938 et fait partie de la branche des Louis, dont les représentants, sur les photos de famille, occupent à eux seuls pratiquement la moitié du cliché. Il a grandi entouré de 12 frères et soeurs (dont Gonzague, le fondateur de Saint-Maclou ou encore André, le créateur de Réseau Entreprendre). Il a un frère jumeau, Luc. Contrairement à la branche des Gérard, qui donna naissance à Phildar puis Auchan, les Louis ont toujours conservé un penchant plus industriel. Propriétaire à titre personnel, en marge du pacte familial donc, des sociétés textiles Customagic (tissus d'ameublement) et Pierre Dubost (linge de maison), Marc Mulliez perpétue à sa manière cette tradition familiale. Après des études à l'Institut Technique Roubaisien, le jeune homme est envoyé en stage en Allemagne dans une entreprise de fibres synthétiques, la Vereinigte Glanzstoff Fabriken (VGF). S'en suit un service militaire en Algérie puis, au retour, diverses expériences au sein des entreprises familiales, notamment chez Phildar. (ci-dessus Marc Mulliez en 1964, photo d'archives, Kurt Nacken).
Tout au long de sa carrière, Marc Mulliez a mené en parallèle ses affaires personnelles, à Tourcoing, regroupées dans la holding Alema (ci-contre), et le suivi des enseignes textiles détenues collectivement par la famille. C'est ainsi qu'il a présidé les conseils de surveillance de Phildar, Cannelle mais également des deux enseignes de prêt-à-porter masculin, Jules et Brice. De 1998 à 2006, il a assuré deux mandats au sein du conseil de gérance de l'association familiale. Le 17 mai 2008, il a été élu à la présidence du conseil de surveillance de l'AFM, une charge moins prenante que la gérance mais un fauteuil des plus symbolique. Véritable conseil constitutionnel de la "nation" Mulliez, cette instance est chargée de valider les choix stratégiques des gérants commandités, de réfléchir à l'avenir de l'AFM - à la fois en termes de développement et de maîtrise du risque pour les actionnaires - et de préparer les évolutions réglementaires. Elle est systématiquement représentée dans les conseils de surveillance des entreprises. Renouvelé tous les quatre ans, ce conseil présente la particularité de ne regrouper que des élus ayant obtenu au moins des 50 % des suffrages. C'est ce qui explique que le dernier bureau sorti des urnes familiales ne compte que quatre membres au lieu de six précédemment.
Les deux enfants de Marc Mulliez travaillent non loin de lui : Alexis dirige Customagic (16 millions d'euros de chiffre d'affaires, 50 salariés à Halluin) tandis que Camille, sa fille, est en poste chez Phildar. Son gendre, Aymeric Poutiers, est quant à lui DRH de l'enseigne Agapes Express (kiosques So Good et Pizza Paï).