Tout d’abord un grand merci pour vos nombreux témoignages de soutien déposés sur ce blog et via ma messagerie. C’est très réconfortant.
Le directeur du référencement d’une grande chaîne de librairies me disait qu’en six ans de carrière, c’est la première fois qu’on lui demande de retirer un ouvrage de la vente...
A la lecture de plusieurs de vos messages, il m’apparaît important de bien préciser les raisons pour lesquelles la Cour d’appel a ordonné le retrait de la vente du livre « Le secret des Mulliez » et la fermeture de mon précédent blog.
Je subis cette décision dans le cadre d’une procédure civile enclenchée (près de six mois après la sortie du livre ! ) par Benoît Boussemart, expert du cabinet Syndex. Cette personne m’avait été recommandée au cours de mon enquête par plusieurs délégués syndicaux qui avaient eux-mêmes confié à ce cabinet des missions dans les entreprises de la galaxie. J’ai sollicité ses services pour m’aider à analyser les rouages de l’empire et je paie aujourd’hui les conséquences du litige qui nous a opposés au sujet d'élements que lui voulait m’obliger à publier mais que j’ai refusé d’intégrer à l’ouvrage :
1) parce qu'ils n’étaient pas compatibles dans la forme avec une diffusion grand public,
2) parce que, surtout, les conditions de leur élaboration n’étaient pas claires et, en tout état de cause, contraires à la déontologie journalistique.
Quand bien même ils ont toutes les raisons de se féliciter de la décision rendue par la Cour d'Appel, il ne serait pas honnête de ma part de laisser se diffuser l’idée que ce sont les Mulliez qui m’ont attaqué. Certes, il me reste sans doute pas mal de choses à comprendre sur les relations entre Benoît Boussemart, le cabinet Syndex et les enseignes où ils sont intervenus. Il n’empêche, je dois reconnaître que je n’ai, à ce stade, pas d’éléments accréditant que la puissante dynastie ait pu faire « cause commune » avec Benoît Boussemart dans le cadre de l'affaire en cours pour brider la diffusion du fruit de mes enquêtes.
Depuis deux ans, pourtant, la liste est longue des griefs et reproches qui me sont adressés depuis Roubaix. Quelques exemples parmi les plus significatifs et qui constituent une bonne illustration de l’agacement causé par mes investigations :
- été 2006 : Thierry Mulliez, président du conseil de gérance de l’AFM, me demande de renoncer à publier la liste des PME et start-up au sein desquels la famille Mulliez est présente en tant qu’actionnaire.
- janvier 2007 : Gérard Mulliez, fondateur d’Auchan, s’exprime pour regretter que certaines des informations que je publie créent « des problèmes de sécurité » qui l’inquiètent et provoquent de « graves dégâts auprès de certaines personnes ».
- mai 2007 : la direction financière d’Auchan envoie un courrier recommandé aux journaux quotidiens qui ont repris des infos (résultats du groupe en avant-première, notamment) que j’avais mises en ligne pour leur demander de ne plus reprendre à l’avenir ce type d’informations.
- avril 2008 : une ordonnance du Tribunal de grande instance de Paris autorise Auchan à venir récupérer chez l’hébergeur de mon blog l’adresse IP d’un internaute afin de l’identifier et de lui demander de présenter des excuses, sur mon blog, pour un commentaire posté quelques mois plus tôt et qui mettait en cause les pratiques de l’une des directions régionales.
Force est donc de constater qu’en obtenant ma condamnation, le retrait du livre et la fermeture du blog, l’expert para-syndical fait un magnifique cadeau à l’AFM et à ses enseignes. Les salariés qui utilisaient mon blog comme espace d’échanges apprécieront. Tout comme les milliers d’internautes qui le consultaient et venaient y chercher une information indépendante sur ce qui constitue le premier empire familial de l’économie française.