"Si on ne les soutient pas, qui le fera ? " Face aux difficultés rencontrées par Auchan France, ses actionnaires familiaux ont décidé de se mobiliser. Plusieurs dizaines de membres du clan Mulliez, associés au sein de l'AFM, interviennent discrètement depuis quelques mois pour venir en aide aux hypermarchés de la filiale hexagonale. En achetant plus que de raison dans les linéaires ? Pas du tout. Sous la houlette de Sylvie Delplanque, dont la mère est une sœur de Gérard Mulliez, des cousins se portent volontaires pour "parrainer" des magasins.
« Tu as déjà vu un Mulliez dans ta vie ? Non ? Eh bien j'arrive ! » Voilà par exemple l'étonnant appel qu'a reçu un directeur de magasin du Sud-ouest. L'objectif : que chaque hyper français ait son parrain familial pour "l'accompagner dans la bienveillance". "Plus que ceux de Shanghai ou de Moscou, les directeurs français ont besoin de nous, décrypte un associé. Ce parrainage est très différent de nos voyages d'actionnaires en Chine ou en Russie, qui sont des territoires de croissance et où tout est plus facile qu'en France ».
Cet accompagnement doit constituer "un élan de solidarité durable". Concrètement, une fois par trimestre, l'associé vient passer une journée complète en magasin. "Les gens que nous rencontrons nous parlent de leur quotidien de collaborateur", commente un autre membre de la famille. Ce parrainage est supposé contribuer à faire baisser la pression de l'actionnaire : « ils en ont déjà beaucoup au travers de leurs objectifs ». Des objectifs auxquels le conseil familial n'est pourtant pas étranger...
La démarche offre aux associés familiaux "l'occasion de témoigner de leur confiance au personnel et de lui démontrer leur attachement à l'enseigne", explique anonymement un cadre de l'AFM. Les actionnaires volontaires ont cependant été mis en garde : ils ne doivent pas se substituer aux échelons hiérarchiques de l'entreprise. Le projet est distinct de celui de Muriel Van Der Wees (épouse du patron fondateur de Cultura) et de son opération « Vis ma vie », qui permet aux actionnaires de se mettre à la place d'un collaborateur en magasin.
En complément de l'article publié hier, j'apporte quelques précisions concernant les chiffres. Le volume de cash généré à fin septembre par Auchan France n'inclut pas la quote-part française des remises collectées auprès des fournisseurs par Auchan International. L'enveloppe du CICE n'est pas non plus intégrée. En revanche, le coût du plan de départ des 800 cadres est pour sa part inclus. En prenant en compte les différents éléments, selon des sources internes, il pourrait manquer, au moment de l'atterrissage au 31 décembre, environ 100 millions d'euros par rapport à l'objectif. Un trou qui se trouve correspondre au montant de l'investissement dans les prix annoncés en mars dernier.