Non, je ne prépare pas la sortie d'un prochain ouvrage sur Intermarché. Je viens simplement de prendre connaissance du témoignage d'un ex-postulant désireux d'ouvrir un magasin aux couleurs des Mousquetaires. Ses mésaventures en disent long sur le mépris dans lequel les franchiseurs peuvent parfois tenir leurs futurs associés.
L'ACCIDENT
"En mai 2002, la cellule de suivi des postulants nous convoque, comme d’habitude, à la réunion mensuelle des postulants sur un hôtel d’Aix en Provence. Cette journée, animée par un manager professionnel d’équipe de rugby, est intitulée « un esprit d’équipe, un esprit d’entreprise ».
Après la réunion, nous sommes conviés à participer à un match de rugby improvisé entre postulants, en tenue de ville !
Comme mes collègues postulants, je ne suis pas vraiment emballé par cette « excellente idée » au dire des adhérents présents, mais, comme eux, je me vois très difficilement refuser ma participation au match.
En effet, pour nous voir attribuer un bon projet, nous devons nous conduire en Mousquetaire,
c’est-à-dire faire la preuve à tout moment de :
- notre disponibilité,
- notre adaptabilité,
- notre esprit d’équipe,
- notre obéissance absolue.
Résultat : fracture grave du tibia droit, évacuation par les pompiers, hospitalisation de quatre jours et séquelles à vie.
Après l’opération, je reste invalide six mois. Pendant cette période, jamais au grand jamais, aucun responsable du groupement (malgré leur esprit d’équipe) n’effectuera la moindre démarche, ne serait-ce que téléphonique, pour prendre simplement de mes nouvelles ou s’inquiéter de savoir si nous pouvions faire face à la situation dans laquelle l’accident nous a plongés.
L’intégralité des charges et effets de cet accident resteront à nos frais.
Et si cela avait été plus grave ?
LE BRAQUAGE
En juillet 2002, un adhérent (responsable à l’époque au sein de notre direction d’enseigne) me contacte pour le remplacer, pendant ses vacances, sur son point de vente de la région d’Aix en Provence. Le magasin subit un braquage, le lundi matin, à la première livraison du camion de la centrale, un peu avant 6 heures.
Les voleurs me prennent à partie puisque je détiens les clés. Ils me rouent de coups
pour que j’ouvre la porte du coffre-fort. Investi de la responsabilité du point de vente, accroché à donner une bonne image de moi au groupement, je refuse obstinément de l’ouvrir.
Malgré les coups qui redoublent. Malgré le revolver qu’ils m’appliquent sur le crâne et le percuteur qui claque à mon oreille. Ce jour-là, devant ma résistance insensée à livrer le contenu du coffre, ma vie a sans doute tenu à un fil.
Finalement, les voleurs me dérobent mes papiers personnels, mon argent, ma montre et me laissent bien amoché.
J’entends encore le rire de satisfaction de l’adhérent au téléphone à qui je raconte ma
dramatique aventure. Il n’abrègera même pas son séjour au soleil, me laissant le soin
d’accomplir les « déclarations d’usage » auprès de la gendarmerie.
Evidemment tout restera à ma charge ! Pourquoi pas ?"
L'auteur de ce témoignage est depuis en procès contre les Mousquetaires. Une audience est prévue ce mois-ci en Cour d'appel.