Rares sont les membres de la famille Mulliez à s'être impliqués dans la vie politique ou pour des campagnes électorales. Les Européennes du 25 mai voient pourtant l'un d'eux, André-Paul Leclercq, conduire une liste, en l'occurrence celle de la circonscription Nord-Ouest sous la bannière de Nous Citoyens. Il répond aux questions du blog Mulliez.
Quelles sont les raisons de votre engagement ?
A-P L. : Je suis dans le monde de l'entreprise depuis 25 ans (*). J'aime la création de richesses, d'emplois, de tout ce qui permet aux gens de s'épanouir. Je me rends chaque semaine dans les pays de l'Est. Je suis frappé par l'énergie et le dynamisme de ces pays, par leur capacité d'adaptation, par leur évolution. Et quand je reviens en France, je suis frappé par l'immobilisme et la sur–administrationde notre pays.
Pourquoi vous tournez-vous vers ce nouveau parti ?
A-P L. : Je ne fais plus confiance aux partis traditionnels. Les hommes politiques, de droite comme de gauche, n'ont jamais eu l'audace, le courage de mener les réformes nécessaires. Ce sont des réformes difficiles parce qu'elles coûtent la réélection. Les 9000 membres de Nous citoyens ont en commun de vouloir affronter les sujets et de réfléchir ensemble à la meilleure réponse factuelle à apporter.
Concrètement, au plan européen, que proposez-vous ?
A-P L. : Nous réclamons davantage de souplesse. Laissons l'Europe définir les grandes orientations multinationales Mais laissons chaque pays les appliquer localement. Le système actuel des directives va souvent trop dans les détails. La commission doit être en mesure de justifier du caractère indispensable des normes qu'elle impose et les pays doivent avoir le droit de sortir le carton jaune ou le carton rouge quand c'est nécessaire. Ça n'est pas à l'Europe de définir qu'il faut un réfrigérateur pour le sucré et un autre pour le salé dans les cuisines publiques.
Si vous êtes élu, quels sont les premiers thèmes sur lesquels vous souhaiteriez travailler ?
A-P L. : Deux sujets m'intéressent profondément. Celui de l'euro, avec en arrière-plan les questions budgétaires ; celui des travailleurs détachés. Je pense qu'il faut que les employeurs de travailleurs détachés paient les charges sociales dans les pays où ils les font travailler. Je pense qu'on a intégré trop vite certains pays dans l'Union, sur des bases mal maîtrisées, sans se rendre compte que cela allait déstabiliser les marchés du travail.
Avec de multiples structures domiciliées au Luxembourg, en Belgique ou aux Pays-Bas, l'association familiale Mulliez tire avantage des écarts de fiscalité entre pays. Quelle est votre position en matière de fiscalité européenne ?
A-P L. : L'Europe doit définir un cadre fiscal et faire en sorte que les chances soient identiques pour tout le monde, que toutes les entreprises puissent vivre durablement. Je suis un homme issu des entreprises mais je me positionne en fonction de l'intérêt commun car je pense que nous avons besoin de réponses pragmatiques.
(*) André-Paul Leclerc a travaillé huit ans chez Décathlon, dont quatre à Hong Kong, pour la mise en place des bureaux de production. Il a ensuite été directeur financier d'Immochan France, directeur de la filiale polonaise d'Immochan à Varsovie de 2004 à 2008. Depuis six ans, il est le directeur du développement d'Auchan en Europe de l'Est (Ukraine, Pologne, Roumanie et Russie).