Au moment de l'arrivée de la gauche au pouvoir, le 10 mai 1981, la petite centaine d'associés Mulliez (ils sont six fois plus aujourd'hui) n'a pas le coeur à la fête. En dépit des premières envolées de Gérard Mulliez concernant le "partage de l'avoir", le clan roubaisien partage alors surtout l'inquiétude des milieux patronaux. Ils redoutent notamment le projet d'impôt sur les grandes fortunes, qui sera concrètement mis en place en 1982 par le Premier ministre Pierre Mauroy. Au cours des dix années précédentes, Auchan est devenu une énorme cash machine générant d'abondants dividendes qui enrichissent la famille.
Certains se préparent à passer la frontière et à s'installer en Belgique. Une autre des solutions pour mettre une partie de l'argent à l'abri des appétits du gouvernement socialiste consiste... à le dépenser. Un déchirement pour cette génération de Mulliez réputée pour sa radinerie. Nombre d'associés se font construire leur première piscine. Des investissements qui existent toujours et dont ils parlent aujourd'hui en souriant comme de leurs "piscines Mitterrand".