Décryptages
C'est un dividende de 106 millions d'euros, en baisse de 45 % par rapport à 2008, qui vient d'être voté lors de l'assemblée générale des actionnaires du groupe Auchan. L'occasion de faire un rapprochement avec le rapport Cotis (du nom du directeur de l'Insee) commandé par l'Elysée relatif au partage des profits dans les entreprises. Le quotidien Les Echos publie aujourd'hui les conclusions de ce rapport. On y apprend que les dividendes représentent en France en moyenne 16 % de l'excédent brut d'exploitation. L'an passé, Auchan était légèrement en dessous de la moyenne avec un ratio à 14,7 %. Cette année, du fait de la quasi diminution par deux du coupon, la part distribuée n'est plus que de 8 %. Cela ne va pas pour autant mettre au pain sec les 550 cousins de l'association familiale Mulliez dont Auchan représente grosso modo les deux-tiers du patrimoine.
Loin d'avoir tous leur oeufs dans le même panier, les Mulliez peuvent compter sur un large portefeuille d'activités. Chaque année, le conseil de gérance de l'AFM est amené à arbitrer la part du résultat prélevé dans les différentes entreprises. Les sociétés dégageant de bons résultats ont naturellement vocation à être plus contributrices à l'aisance du propriétaire. A l'inverse, les entreprises générant des résultats plus faibles ou ayant, à bénéfice équivalent, davantage de besoin d'investissements, sont moins sollicitées.
Compte tenu de la spécificité de la structure actionnariale en vigueur, avec en particulier plusieurs holdings intermédiaires entre l'entreprise et les associés Mulliez, le dividende qui apparaît dans le rapport annuel d'Auchan ne détermine pas automatiquement à ce qui revient individuellement aux membres de la famille.
Au sein de la galaxie Mulliez, ce ne sont pas les entreprises mais un réseau de holdings de contrôle qui versent les dividendes aux associés. Ces holdings - ayant pour commandités les membres du conseil de gérance de l'AFM - font l'objet d'une gestion spécifique : elles organisent les prélêvements dans les entreprises, réallouent une partie des sommes pour les investissements dans de nouvelles pistes ou pour des augmentations de capital et affectent le solde, soit aux réserves collectives du clan, soit à la distribution aux associés. Qui plus est, les titres des holdings sont détenus par les membres de la famille via des sociétés civiles. Grâce à un très haut niveau de comptes courants, une partie de la distribution peut donc encore se faire en marge des dividendes classiques, sous forme de remboursement de ces comptes courants, non fiscalisé. Et c'est précisément pour faire durer au maximum cette situation fiscale avantageuse que l'AFM se doit de modérer sa distribution de dividendes.