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28 mai 2009 4 28 /05 /mai /2009 08:37


C'est mercredi 8 avril, en pleine séance de comité central d'entreprise que l'affaire avait éclatée. Interpellée par les représentants du personnel, la direction d'Auchan avait été contrainte de lever une partie du voile sur l'existence, depuis 2003, d'un plan d'attribution  de stocks-options dans l'entreprise. Les élus avaient laissé éclater leur mécontement lorsqu'ils s'étaient aperçu que les provisions comptables relatives à ces bonus avaient amputé d'1,2 million d'euros le montant global de la prime de participation redistribuée aux salariés. Leur mobilisation a payé. Le 6 mai, la direction du groupe a proposé de "neutraliser le contre-coup financier" de ces stocks-options.
Pour autant, le plan d'attribution n'est pas remis en cause et, surtout, le flou le plus total continue de régner sur les modalités de cette distribution d'actions gratuites. Selon des sources internes, tout indique que les titres octroyés aux dirigeants bénéficiaires n'ont pas été pris sur la partie "familiale" du capital du groupe mais prélevés dans Valauchan, directement au niveau de la caisse de rachat dédiée aux entrées / sorties des actionnaires salariés. Contacté, le service communication se refuse à tout commentaire. Dans quelle proportion ces prélèvements ont-ils contribué à la baisse de la part de capital détenu par les salariés, tombée en cinq ans de 16 % à 11 % ? Mystère ! Dans les documents Valauchan, le sujet est soigneusement évité. Ce défaut de transparence renvoie à un problème plus global de gouvernance du FCP et de responsabilités des élus siégeant à son conseil d'administration.
Mais de manière assez surprenante, ces carences préoccupent assez peu en interne. Avec 110 000 porteurs de parts et un milliard et demi d'euros de capitalisation, Valauchan est pourtant l'un des principaux FCP de salariés-actionnaires de France.


Depuis 30 ans, les soirées Valauchan, au cours desquelles sont annoncées les valeurs de parts, sont un élément fort de la culture du groupe Auchan. Il n'empêche, l'intérêt des salariés porté à la gouvernance du FCP est tout relatif.


Bien que reposant sur l'élection dans chaque magasin de représentants de porteurs de part (les RPP), la désignation des élus Valauchan est, dans les faits, souvent affaire de cooptation. Une situation facilitée par le fait que les délégués du personnel se tiennent à l'écart des élections Valauchan. Par nature en délicatese avec un système qui amène les salariés à s'intéreser à la rémunération de leur capital au lieu de celle de leur seul travail, les syndicats n'ont jamais été en situation de peser sur la gouvernance du FCP. D'où leur incapacité, par exemple, à amener la direction du groupe ou les élus du conseil de Valauchan à davantage de transparence. Y compris concernant la juste évaluation des actifs de l'entreprise par les experts "indépendants" en charge de déterminer annuellement les valeurs de part.
Il y a quelques mois, Arnaud Mulliez avait signé dans Le Monde une tribune dans laquelle il mettait en garde le gouvernement contre le déblocage anticipé des sommes issues de la participation légale aux bénéfices. Selon le patron d'Auchan France, en permettant les retraits avant le terme des cinq ans, Nicolas Sarkozy, tout à sa volonté d'encourager la consommation et de soutenir les dépenses des ménages, a remis en question la notion d'épargne à moyen ou long terme qui prévalait jusque là.
Le gouvernement n'a pas le monopole du déboulonnage des principes fondamentaux qui régissent l'actionnariat salarié. Les dirigeants d'Auchan doivent savoir qu'à chaque fois qu'ils organisent l'opacité autour d'une décision relative au FCP, ils se mettent en situation de rompre le pacte de confiance passé avec leurs salariés actionnaires. Déjà que sur une population de collaborateurs payés majoritairement peu au dessus du Smic, la tentation est grande pour beaucoup de retirer les sommes. Alors si en plus, ceux qui sont en mesure de placer se mettent à douter ...
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commentaires

C
C'est en fait lors de la négociation salariale du 31 mars que la CFDT a révélé cette affaire. Plus de détails :<br /> http://cfdt-centrale-auchan.hautetfort.com/archive/2009/05/14/negociation-participation-auchan.html
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La face cachée de l'empire Mulliez

Entrez dans les coulisses de cette famille aux 700 cousins, découvrez qui est vraiment Gérard Mulliez, le fondateur d'Auchan, quelles sont les méthodes du groupe en Russie, ses cachotteries en Chine, ses relations inavouables outre-Atlantique.

Au sein de la tribu roubaisienne, le malheur des uns et les principes des autres ont fait la fortune de tous. Par-delà l’exceptionnelle réussite entrepreneuriale du clan, la saga Mulliez est d’abord une histoire familiale des plus romanesques. Riche en anecdotes et en confidences, l’enquête prend ici des allures de fresque historique où les révélations le disputent aux affaires de famille.

 

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L'empire des Mulliez

AFM2Fort de ses 600 000 salariés et de ses 86 milliards d'euros de chiffre d'affaires, l'empire des Mulliez constitue le premier acteur familial de l'économie française. Il ne s'agit pas d'un groupe à proprement parler mais d'une galaxie d'entreprises ayant en commun d'être contrôlées par les membres de l'association familiale Mulliez (ci-dessus la photo du siège de l'AFM à Roubaix).
Les principales enseignes sont : Auchan, Leroy-Merlin, Décathlon, Boulanger, Kiabi, Pimkie, Flunch, Atac, Norauto, Kiloutou, Cultura, Brice, Jules, Grain de malice, Top Office, Picwic, Phildar, etc. La plupart ont leur siège dans le Nord, autour de Roubaix, le berceau des Mulliez.

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