Lundi 9 mars, Auchan va publier ses résultats 2014. On sait déjà que les mauvaises performances en France, comme celles de l'Italie d'ailleurs, vont peser sur les comptes du groupe. Le classement diffusé la semaine passée par Linéaires, mettant en évidence que 41 des 44 plus gros hypers hexagonaux de l'enseigne se trouvent dans le rouge, est sans appel. Pour le reste, en attendant lundi, un doute et une certitude :
- le doute, c'est l'impact que va avoir la chute du rouble sur l'intégration des chiffres de la filiale russe. Par le passé, Auchan Russie est parvenue à remonter, certaines années, jusqu'à 270 millions d'euros de dividendes vers sa maison-mère. Un montant supérieur aux dividendes généralement reversés par Auchan lui-même à l'AFM (environ 200 M€/an). Pour 2014, en dépit de bonnes performances commerciales et d'un développement soutenu, la contribution de la filiale russe aux résultats du groupe devrait, en raisons des taux de change, s'en trouver affaiblie.
- la certitude, ce sont les chiffres de la filiale chinoise. Cotée à la Bourse de Hong-Kong, Sun Art Retail a, comme à l'habitude, publié ses résultats avec une semaine d'avance sur Auchan. Les ventes ressortent en hausse de 6,6 %, la marge brute de 12,8 % et le dividende servi aux actionnaires de 4,8 %. Sun Art est le n°1 de la grande distribution en Chine avec une part de marché de 14 %, en hausse de seulement 0,2 point. Pourquoi "seulement" ? Parce qu'au cours de l'année écoulée, l'entreprise a ouvert la bagatelle de 49 nouveaux hypermarchés, quasiment un par semaine ! Le fait que ce rythme effréné d'ouvertures permette de tout juste grappiller deux décimales de parts de marché en dit long sur la dynamique des autres acteurs. Parmi lesquels Walmart ou Carrefour ne sont pourtant pas les plus virulents : le premier abandonne 0,1 point, le second 0,3. L'expansion de la filiale chinoise d'Auchan (372 hypers actuellement ouverts) va se poursuivre. 162 projets sont signés et ouvriront dans les trois ans, dont 116 sont déjà en construction.
Pour la première fois, Auchan intègre cette année dans ses comptes sa filiale chinoise à 100 %, contre 50 % jusque là. Ce qui va mathématiquement doper la part de l'international dans les ventes du groupe. Le chiffre d'affaires réalisé hors de France devrait s'approcher des 65 %.
Le livre La face cachée de l'empire Mulliez révèle comment le clan nordiste, en marge des pourcentages officiels détenus par Auchan dans sa filiale chinoise, s'est organisé, via un fonds américain, pour secrètement accroitre ses participations localement. Outre Sun Art, les Mulliez sont également au capital d'Alibaba, le géant chinois de l'Internet. Un investissement qui leur a procuré un bon poste d'observation pour préparer le lancement de Feiniu, leur propre site de commerce en ligne, accessible depuis le 1er mars sur l'ensemble du marché chinois.